Magnifique ambiance ce matin, la neige résiste tant bien que mal au dégel. Peu d'oiseaux, mais des boutis en grand nombre. Les boutis, ce sont des trous pouvant atteindre 50 cm de profondeur que le sanglier creuse avec son boutoir, pour trouver des racines, des glands, des larves, des amphibiens ... bref, à peu près tout ce qui se mange.
Un petit groupe de chamois se déplace tranquillement. Heureusement pour eux, la période de chasse est passée. Ils sont chassables durant 12 jours, au mois de septembre, durant lesquels une soixantaine d'individus sont zigouillés dans le canton du Jura.
Je les retrouve un peu plus tard. Bien cachés, ils mangent le lierre de cet arbre mort tombé récemment. En été, ils broutent de l’herbe et des fleurs mais également des baies, des feuillages et des arbustes. En hiver, ils complètent leur régime avec des ronces, du houx et du lierre. Quel plaisir de les observer dans ce décor hivernal.
Sur le chemin du retour, je croise une chevrette, pour qui, bien heureusement, la saison de la chasse est terminée. Durant deux mois - octobre et novembre - les chevreuils sont dans la ligne de mire des chasseurs. Plus de mille chevreuils, brocards ou chevrettes sont tués par les chasseurs, chaque année, dans le canton.
J'y retourne en début d'après-midi, mais l'ambiance a changé. Au loin, dans la forêt, j'entends un chasseur qui encourage ses chiens, puis les grognements des sangliers débusqués. Des détonations se font entendre à plusieurs reprises.  C'est alors qu'une chevrette sort de la forêt et fonce dans ma direction pour échapper au carnage.
Les aboiements des chiens indiquent que la poursuite continue. Ils sont maintenant bien loin sur l'autre versant. Je reprend mon vélo et quitte cette sinistre ambiance. Pour les sangliers, la saison débute le 1er juin et se termine à la fin février par des traques organisées à grande échelle. Plus de 700 individus ont été prélevés dans les trois districts en 2019, plus de 400 en 2021. Quelques instants plus tard, j'aperçois un sanglier qui s'enfuit dans le fond d'une petite combe, le bougre s'en est sorti.
Ou plus exactement la bougresse, car il s'agit apparemment d'une laie d'environ 60 kilos. Autant dire qu'il ne faut pas faire le malin lorsqu'on se retrouve en face. La voyant au fond de la petite combe, j'ai anticipé son éventuel parcours et me suis posté où j'imaginais qu'elle passerait. Quelques minutes plus tard, la voici qui arrive, essoufflée, à 15 mètres de moi. Je suis tellement impressionné que j'en oublie presque de la prendre en photo. Le vivant, la nature et le sauvage à l'état brut : magnifique !
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