Petite immersion en forêt avec des températures passant de 8 à plus de 20 degrés ... à mi-avril ! Les feuillus sont sortis de leur dormance et déploient leurs feuilles ... nuances infinies de verts. La germination des graines tombées l’année dernière est en pleine explosion ... lumineux camaïeu de verts sur le sol. Les fleurs s’ouvrent au monde, inépuisables tonalités de blancs, jaunes, violets, mauves, bleus ... c'est le printemps ! Et c'est la fête pour le Campagnol roussâtre qui se réjouit de la production importante de faines et de glands.
C'est aussi la période des tambourinages. Les pics marquent leur territoire dès la fin de l'hiver en frappant violemment une branche ou un arbre sec spécialement choisi pour sa résonance. Chaque espèce a sa propre signature, ce Pic épeiche par exemple, frappe de 6 à 12 coups en moins d'une seconde. L'arbre sélectionné résonnait particulièrement bien : j'ai entendu les rafales à plus d'un kilomètre.
Je m'approche lentement, guidé par le concerto du percussionniste. Le tambourinage ne doit pas être confondu avec le martèlement, bruit irrégulier et moins puissant, qui est produit lorsqu'un pic fore une loge ou recherche de la nourriture.
Mais l'oiseau est méfiant et il s'enfuit à mon approche. Je m'installe à bonne distance sous un petit filet de camouflage et attend patiemment. Un petit quart d'heure plus tard le voici qui réapparait. Ce mâle prendra soin de revenir à plusieurs reprises pour répéter son show. Petit mais costaud.
C'est également la période de nidification où chaque espèce rivalise pour mener à bien son chantier. J'ai observé avec amusement une Mésange charbonnière - cavernicole par excellence - faire de nombreux allers-retours avec de petites touffes de poils dans le bec. La débauche d'énergie ne fait que commencer pour madame. Suite du programme : finir le nid, fabriquer les œufs, les garder au chaud une petite quinzaine de jours et nourrir les nombreux rejetons. Et, avec un peu de chance, une deuxième nichée va suivre. Quand on aime ...
Autre très belle observation : un couple de Pics mars. Plus rare que le Pic épeiche, il s'en distingue, entre autres, par son ventre rose, sa calotte rouge vif et son bec fin. Mais c'est surtout son chant de petit cochon qui permet de le différencier de son cousin. Dans un premier temps, c'est leur parade qui a attiré mon attention ; les plumes rouge vif de la calotte du mâle signifiant clairement ses intentions.
Puis, dans un deuxième temps, c'est l'intérêt que le couple portait à un arbre sec. Le Pic mar affectionne particulièrement les chênes en décomposition car son petit bec ne lui permet pas de forer dans le bois vert. Il y trouve également, dans les profonds interstices de l'écorce, bon nombre d'insectes, de larves et d'araignées.
Manifestement, ils semblent avoir trouvé leur bonheur. A tour de rôle, ils viennent prudemment inspecter la loge déjà existante.
Bien que manifestant un intérêt certain pour cette cavité, ils hésitent encore à y pénétrer. Ils feront de nombreux va et vient avant d'en franchir le seuil.
Finalement, ils y entrent par roulements successifs  et commencent à marteler l'intérieur de la cavité afin de l'agrandir pour atteindre une profondeur de 35 cm. Dès que l'un se présente, l'autre sort rapidement du trou. Très souvent, l'entrée est situé juste sous un champignon polypore. J'ai eu la chance de pouvoir les observer pendant plus d'une heure. Promis, je vais revenir dans quelques jours m'enquérir des aventures de cette nichée en devenir !
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