Magnifique ambiance ce matin. Je m'installe au niveau de l'eau pour observer une sorte de manège onirique, constitué de petits déchets organiques qui flottent en tournoyant lentement dans le courant. C'est juste remarquable de poésie et de beauté. Et lorsque survient une Caloptérix vierge, c'est encore plus magique !
Je quitte cet instant suspendu entre deux mondes et arrive au bord d'une roselière. Le chant tonitruant d'une Rousserolle effarvatte me ramène à la réalité. La difficulté consiste à la localiser dans l'épaisse végétation. Mais au bout de quelques minutes, elle se montre furtivement ... avant de repartir se cacher.
Je patiente encore de longues minutes pour pouvoir l'observer à nouveau. Elle apparaît brièvement, chante énergiquement sa longue tirade et file à nouveau se cacher dans les roseaux.
Je reprends ma flânerie qui me conduit au bord de l'eau. J'observe sans but précis, lorsqu'un Cincle plongeur se pose devant moi. Ce juvénile, déjà bien costaud, doit maintenant subvenir seul à ses besoins car ses parents ont certainement commencé une deuxième nichée.
Plus loin, c'est une Orite à longue queue que je remarque sur un frêne. Elle n'est pas seule, la famille est là au complet pour débusquer quelques insectes cachés dans le houppier. Cette juvénile, téméraire et peu craintive, s'aventure à quelques mètres du sol.
Le soleil est maintenant bien chaud, il est temps de rentrer. Je longe une bande de foin fraîchement coupé quand je surprends un Renard roux et son jeune. Je tente de rester immobile de longues minutes pour ne pas les faire fuir mais ils ont repéré quelque chose d'étrange. Pour ma part, le face à face qui suit est un instant magique qui questionne notre relation au sauvage. On se quitte très lentement, eux repartent dans les bosquets alentours et moi en faisant demi-tour.
Trop heureux de la rencontre de ce matin, je décide d'y retourner lorsque le soleil aura disparu derrière les montagnes. Le foin a été ramassé. Je progresse sur la pointe des pieds, lentement, pas après pas, en veillant à ne pas faire de bruit. Puis, m'installe sous une toile de camouflage. Une demi-heure plus tard, le jeune renard apparaît sur un tas de bois mort. Je ne bouge pas et retiens ma respiration.
Le jeune poussé par la curiosité, descend et vient s’enquérir de cette forme inhabituelle. Mais ne dit-on pas rusé comme un renard ? Le jeune goupil reste très méfiant et à bonne distance, puis disparaît dans la végétation et moi dans mes rêves.
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