Sortie un peu spéciale aujourd'hui. J'accompagne quelques membres du Collectif Chevêche-Ajoie durant une action de baguage des jeunes de l'année. L'Ajoie a la chance d'abriter une trentaine de couples de Chevêches d'Athéna répartis sur une cinquantaine de territoires. En 2023, ce sont 57 jeunes qui ont été recensés ; cette année, c'est déjà une trentaine.
Le collectif assure en Ajoie le suivi de plus de deux cents nichoirs répartis essentiellement dans des communes limitrophes avec la France. La raison : les populations françaises se portent nettement mieux que les nôtres. Les jeunes en recherche de territoires viennent volontiers s'installer de ce côté-ci de la frontière où les territoires disponibles sont beaucoup plus nombreux. Première opération, boucher le trou d'envol. Ensuite, une partie du toit est démonté pour permettre l'accès au fond du nichoir où se tiennent les jeunes.
Puis les jeunes sont déposés dans un petit sac en tissu et descendus pour être examinés et bagués. Ce nichoir abrite trois jeunes tout proches de l'envol. Encore quelques jours et ils feront le grand saut. Certains feront des aller-retours entre le nid et les branches pendant plusieurs jours, alors que d'autres se jetteront dans le vide. Arrivés indemnes au sol, ils grimperont sur l'arbre et seront nourris par les parents pendant encore plusieurs semaines.
La ponte étant différé de deux jours, il n'est pas rare de voir de grandes différences de tailles entre les jeunes. Celui-ci, probablement le plus jeune, a encore en partie du duvet.
Nous arrivons sur un autre territoire et constatons que la nichée n'est pas arrivée à terme. Seul un œuf et un tout petit cadavre d'oisillon sont trouvés à l'intérieur du nichoir. Responsables de très nombreuses prédations, la martre ou la fouine en sont peut-être les auteurs.
La femelle pond de deux à cinq œufs lisses et blancs. L'incubation est assurée par la femelle pendant une trentaine de jours, le mâle veillant au ravitaillement. Quelques jours plus tard, les jeunes quittent le nid mais restent dépendants de leurs parents pendant un mois environ.
Un dernier nichoir est visité. Il y a toujours une certaine appréhension de la part des ornithologues avant l'ouverture. Quelle surprise réservera-t-il ? Heureusement, dans ce cas quatre jeunes en pleine santé et tout proche de l'envol se trouvent dans le nichoir.
Placides, ils sont très coopératifs. Bon, pour eux, c'est la découverte du monde du dehors car jusque là, ils étaient confinés dans une boîte sombre et exiguë. La pose de la bague est indolore et elle permettra de suivre l'évolution d'un individu et par extension d'une population en terme de déplacements et d'effectifs.
L'Ajoie abrite, avec la campagne genevoise, le Seeland et le Tessin, l'une des dernières populations suisses de Chevêches d'Athéna. Sa présence indique généralement un milieu agricole diversifié et riche en structures. Depuis plusieurs années, de nombreuses actions sont menées pour favoriser l'espèce, pose de nichoirs, installation de structures, collaboration avec des exploitants et des privés. Plus de détails sur ce magnifique projet à l'adresse : www.chevecheajoie.com