Une balade matinale sans but précis, juste pour le plaisir d'être en nature. La récente pluie a dynamisé des milliers d'effluves, d'arômes et de fragrances. Tout est senteur : les fleurs, la mousse, les arbres, le bois mort. Au loin, un Pic vert grappille quelques insectes engourdis. Il me voit et s'envole.
J’ai déjà vécu une situation similaire avec un Pic noir. Je sais qu’il y a des chances qu’il revienne ensuite. J’installe alors un petit filet de camouflage à cinq mètres d’une vielle souche et j’attends. Trente minutes plus tard, il est de retour à trois mètres de mon affût. Au début, il se méfie ou, en tous cas, semble intrigué. Je ne bouge pas. Ne respire plus. Mon rythme cardiaque s'emballe. Il est si proche de moi.
L'effet de surprise étant passé, il prospecte les alentours, passant rapidement d'un endroit à un autre. Tant bien que mal, j'essaie de le suivre et le cadrer sans à-coups qui pourraient le faire fuir.
Bien que toujours sur ses gardes, il explore le voisinage à la recherche de nourriture. J'écris "il" mais en fait ce devrait être "elle". Mâle et femelle sont quasi identiques, un seul indice permet de les distinguer : du rouge dans la moustache pour le mâle. C'est donc bien madame.
Soudain, elle montre des signes d'inquiétude. Puis s’envole et va se réfugier sur une souche : un intrus s'est invité au banquet !
C'est lui l'intrus, un mâle - avec ses moustaches rouge - et il est fort probable qu'il était posté quelque part en embuscade. 
A son tour, il imite la femelle et part explorer les abords à la recherche de nourriture.
Il fera à peu près le même parcours que sa belle qui, de toute évidence, a préféré garder ses distances et a disparu.
Le gars continue son exploration et creuse le sol à la recherche de galeries de fourmis qui constituent - avec leurs larves - l'essentiel de sa nourriture.
Sa longue langue collante et garnie de petits crochets à son extrémité, lui permet d'accéder aux galeries pour en extraire les insectes.
Ce shooting photo aura duré une dizaine de minutes : un émerveillement sans commune mesure !
Quelle chance de vivre une telle expérience qui procure un profond sentiment de bonheur, voire même d'ivresse ! C'est le printemps !
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