Ambiance de rêve ce matin. Je me lève avec les poules pour venir observer la migration depuis un endroit incroyable. Un promontoire orienté vers l'est, face à une montagne avec un sommet très graphique et - petit détail non négligeable - lieu de passage important pour de nombreux oiseaux en migration. Le mouvement lent et silencieux des brumes venant de la vallée me donne l'impression d'être à la proue d'un bateau sur une mer ... de brouillard. Féérique !
Les premiers Pigeons ramiers arrivent très tôt. De mon belvédère, je les devine au loin en groupes plus ou moins denses. Certains groupes longent l'envers de la montagne alors que d'autres volent plus haut par-dessus le sommet.
La migration représente bien des dangers pour les Pigeons ramiers, les chasseurs français en tuent près de 5 millions chaque année, c'est l’espèce la plus chassée en France. Elle est également chassée en Suisse, mais de manière beaucoup plus confidentielle.
Migrateurs partiels, les palombes des régions nordiques et continentales migrent pour passer l'hiver sur la façade atlantique, dans la Péninsule Ibérique, le Nord de la Méditerranée, la Turquie et le Moyen-Orient. Ils migrent de jour et peuvent parcourir plusieurs centaines de kilomètres journellement.
Les Pigeons ramiers, qui survolent nos campagnes par dizaines de milliers, sont faciles à identifier ; en vol, une ligne blanche traversant le milieu de l’aile est nettement visible. Et l'effet est très visuel, on dirait des lumières qui clignotent.
Le cortège va durer près de deux heures, puis les passages seront beaucoup plus espacés, pour finalement s'estomper. Seuls quelques rares groupes seront encore observés très haut dans le ciel. J'imagine en avoir vu plusieurs milliers pendant mes deux heures d'observation. Le Crêt des Roches à Pont de Roide, un des sites incontournable pour le suivi de la migration en France, en a comptabilisé plus de 70'000 le même jour. La chronique de l'année dernière sur la migration est visible ici.
Autres migrateurs, mais avec un vol plané majestueux. On distingue le vol battu des pigeons - qui battent des ailles - au vol plané qui consiste à glisser sur l'air les ailes déployées. Ces Milans royaux en profitent pleinement car ce vol ne demande que très peu d’efforts. Les rapaces, les cigognes, les grues, les goélands et les mouettes sont d'excellents planeurs qui savent tirer parti de la moindre ascendance. Aujourd'hui, j'ai eu la chance d'observer le passage d'un groupe d'environ 50 Milans royaux. Impressionnant. La chronique de l'année dernière est visible ici.
Dernier passage, mais eux ne sont pas en migration. Ces Choucas des tours squattent l'endroit où je me trouve. Ils utilisent les cavités de l'édifice pour y nicher au printemps et sont là quasiment toute l'année, sauf si les conditions hivernales devaient être trop rudes. Régulièrement, un groupe de deux éclaireurs vient voir si je suis encore là. Mais cette fois, ma discrétion a trompé leur vigilance et c'est bien toute la colonie qui regagne la forteresse. Il est temps pour moi de replier bagages et de déguerpir discrètement.
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