Nouvelle expérience : l'observation depuis une tente-affût. Un espace de moins d'un mètre sur un où l'on se tient assis dans l'ombre à attendre la venue des animaux. Pour moi, qui suis un adepte de la balade orientée - je choisis les lieux en fonction des observations éventuelles - cette expérience m'a énormément plu. Merci Jean-Louis pour le prêt et les recommandations !
PREMIER JOUR. Il y a quelque chose de grisant dans cette approche. Cette jeune femelle de Martin-pêcheur se tenait à trois-quatre mètres de moi. Le fait de l'observer avec une telle proximité est vraiment magique.
Je pense que ma présence ne la dérange absolument pas. En tous cas, elle ne montre aucun signe de dérangement ou de crainte. Elle s'est même posée sur la tente quelques instants.
La routine : elle reste quelques minutes sur son perchoir à observer attentivement la mare. Puis, elle change de perchoir - des roseaux alentours - pour finalement revenir se percher au même endroit. Puis, elle disparait une vingtaine de minutes ... et revient à nouveau inspecter le point d'eau.
Pour une première, elle me gratifie d'un spectacle magnifique. Sa technique de pêche est simple : perchée sur un perchoir, elle observe ce qui bouge en dessous d'elle, puis plonge comme une fusée. J'ai pu observer quelques tentatives fructueuses - insectes et tritons - mais aussi quelques autres infructueuses.
Fin de séance vers dix heures. Je profite de son absence pour m'éclipser rapidement. En moins d'une minute la tente est démontée. Ni vu, ni connu.
DEUXIÈME JOUR. La lumière diffuse est très différente de la veille où le soleil illuminait la scène.
A nouveau de très belles observations ... et toujours le même mode opératoire. Un triton imprudent en fera les frais.
Mais elle semble préoccupée ce matin, en alerte constante. J'ai compris la raison un peu plus tard dans la matinée, lorsqu'un autre Martin-pêcheur a foncé sur elle en criant très fort. Elle a esquivé. Il s'ensuit une course poursuite ... et la fuite des deux oiseaux.
Trente minutes plus tard, elle est de retour. Immobile sur son perchoir comme à son habitude. Puis, elle est saisie de spasmes. Quelques secondes plus tard, elle recrache une petite pelote de réjection constituée des restes de nourriture qu'elle n'arrivait pas à digérer.
Un Martin-pêcheur doit manger plus d'une dizaine de poissons par jour en moyenne. Son régime alimentaire est constitué de poissons, d'insectes et d'invertébrés, d'amphibiens, de crevettes, etc. Et si les poissons ne sont pas toujours au rendez-vous ... un insecte fera l'affaire.
Lui, il figure au menu de deux prédateurs : l’Épervier d'Europe et le Faucon hobereau qui capturent principalement les adultes. Les œufs et les jeunes au nid sont prédatés par les renards, les rats, les martres et les hermines. Mais l'oiseau est un coriace et sa durée de vie est proche des quinze ans, en moyenne.
TROISIÈME JOUR. Même ambiance que la veille, mais pluvieux et plus gris. Martine est fidèle à sa mare.
C'est mon dernier jour dans la tente-affût et ... l'heure du bilan. Cette pratique offre de très nombreux avantages par rapport à la balade : la proximité, la discrétion et la quasi absence de dérangements. Par contre, elle demande de rester immobile au même endroit et nécessite du matériel relativement lourd - trépied et tente - qu'il faut porter jusqu'à l'endroit choisi.
La balade, permet une immersion plus naturelle dans la nature, sans artifice. Elle donne l'occasion de découvrir de nouveaux endroits et elle laisse place à plus de surprises. Mais elle demande aussi une bonne condition physique. De plus, le risque de se faire repérer est beaucoup plus grand.
Finalement peu importe le mode d'observation tant que certaines règles sont respectées. Parmi elles, ne pas déranger les animaux, respecter la distance, éviter les tanières et les sites de nidification, ne pas nourrir ou appâter, etc. Un dernier tour de piste de Martine, de dos ...
... puis de face. La nature est magnifique. Il est encore temps d'en prendre soin ! Mais c'est juste, juste ...
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