
C'est le printemps : un tapis d'Anémones fausse-renoncule, d'Egopode et de Ronce commune recouvre le sous-bois. Toutes ces plantes profitent des rayons du soleil avant l'explosion de la frondaison.

A l'étage supérieur, ça tambourine, ça martèle, ça frappe de partout. A cette période, les pics donnent le meilleur d'eux-même pour marquer leur territoire. Des longues rafales par-ci, des petites décharges par-là : la forêt vibre au rythme des pics. Les entendre, c'est bien, encore faut-il les voir ! En haut à droite :-)

Je viens régulièrement dans ce petit bois et à force, je connais quelques usages et habitudes. Un hôte de marque y est installé depuis plusieurs années : le Pic cendré.

C'est une espèce relativement rare qui figure sous la rubrique "en danger" de la liste rouge des espèces menacées. Et pour cause, ses effectifs ont diminué de près de 60% depuis les années 1990. Actuellement, on dénombre environ 300 à 700 couples en Suisse.

On ne connait pas clairement les raisons de la diminution des effectifs, mais la fragmentation de son habitat, la disparition de vieux arbres - essentiels pour la nidification - et la concurrence avec ses cousins le Pic vert et le Pic noir pourraient expliquer ce déclin.

Assez discret, il peut se montrer téméraire, voir insouciant durant la période de reproduction. Généralement, c'est son chant qui permet confirmer sa présence. Un chant bien particulier qui, lorsqu'on le connaît, est reconnaissable entre mille. Une petite mélodie au timbre pur et plaintif qui se termine en decrescendo.

Par chance, ce Pic cendré a ses habitudes et il revient régulièrement marteler la base de cette branche. Je peux ainsi m'installer discrètement et attendre sa venue.

C'est un mâle - on le reconnaît à la tache frontale rouge - qui me fait l'honneur de sa présence. Curieusement, je ne verrai pas la femelle tambouriner alors qu'habituellement, elle le fait tout autant que le mâle.

La femelle est plus réservée. Mâle et femelle sont quasi identiques : le seul critère qui la différencie de son partenaire c'est qu'elle n'a pas de tache frontale rouge.

Toutes les espèces de pics se montrent téméraires, voir insouciantes durant la période de reproduction. Cette phase particulière permet de belles observations : j'ai eu la chance de voir un accouplement - bruyant et joyeux - de Pics noirs.

Ce Pic épeiche - une femelle - poursuit sa petite routine quotidienne. Elle passe d'un arbre à un autre en choisissant avec soin la caisse de résonance la plus adaptée. Tantôt un son grave, parfois un son plus aigu.

Un mâle, teste un nouvel instrument ... mais sans grands résultats. Mais il a l'embarras du choix : la forêt foisonne d'arbres ou de branches sèches. Profitez ! C'est le dernier moment de découvrir les percussionnistes au long bec, car ils seront bientôt cachés par les feuilles des arbres.

Un autre pic anime lui aussi la forêt : c'est le Pic mar. Mais lui ne tambourine presque pas, son petit bec ne lui permet pas les frappes écervelés de ses cousins. Pour ceux qui désirent approfondir le sujet, la Station ornithologique suisse propose un sujet très complet sur les pics.