Sortie à la petite Camargue alsacienne : une incontournable toute proche de chez nous, qui réserve souvent de belles surprises. De préférence tôt le matin et ... pas le week-end. A peine arrivés, le chant du Coucou gris nous met de bonne humeur.
Début de la période de nidification pour la colonie de Grands Cormorans. De nombreux passages d'adultes avec une branche dans le bec rythment la matinée. Objectif : construire ou renforcer leur nid. Le niveau sonore reste donc relativement bas, mais cela va changer avec la naissance des jeunes.
Les cabanes d'observation permettent de belles observations de proximité. Une Aigrette garzette s'approche silencieusement à quelques mètres. Elle s'installe et commence sa toilette. C'est magique d'observer ce bel oiseau lisser méthodiquement ses plumes. Question ramage, c'est l'inverse du plumage : de drôles de cris râpeux ... dysharmonieux à souhait.
Chez nous, l'Aigrette garzette est surtout observée au printemps et en été, alors que sa cousine la Grande Aigrette est présente principalement en automne et en hiver. L'aigrette se cantonne principalement dans les milieux humiques alors que ses cousins, la Grande aigrette ou le Héron cendré, fréquentent très volontiers  les milieux terrestres. A ne pas confondre non plus avec le Héron garde-boeufs, ni, ni ... bon, ils sont une flopée dans la famille des Ardéidés.
De drôles de babillages attirent notre attention, c'est le fait d'un Geai des chênes. Curieux, il s'approche de nous quelques minutes, disparaissant et réapparaissant un peu plus loin. Sentinelle de la forêt par excellence, on dit qu'il cajole, cajacte, cacarde, frigulote ou jase quand il crie. Des cris parfois râpeux et éraillés très désagréables à entendre et quelque fois des babilles très douces. Imitateur de talent, il reproduit également plusieurs cris d'autres oiseaux, dont celui de la Buse variable.
A nouveau une belle observation de proximité : une Cigogne blanche à la recherche de nourriture dans un petit étang. Elle parcourra plusieurs fois l'intérieur puis, scrutera méticuleusement la végétations bordant les berges. Un petit insecte ici, un lombric par là, un escargot là-bas, un petit poisson tout près. Belle démonstration de pêche ... et de chasse.
Toute la matinée le chant du Coucou gris aura accompagné notre balade, tantôt entendu à gauche, puis plus loin à droite, à nouveau à gauche et ainsi de suite ... mais sans le(s) voir. Ce n'est que sur le chemin du retour que nous en apercevons un, très loin à la cime d'un bouleau.
Nous terminons en beauté avec un chant incroyablement mélodieux et complexe, celui du Rossignol philomèle. Inutile de le chercher haut dans les arbres, il se tient bien caché dans les sous-bois. Celui-ci nous aura donné du fil à retordre pour l'observer, mais le show - visuel et vocal - vaut vraiment la peine. Le mâle chante la nuit pour attirer les femelles et le jour pour éloigner ses rivaux. C'est le premier oiseau dont on sait qu'il différencie les heures de la journée. Une étude menée ici même, en petite Camargue alsacienne, par des chercheurs de l'Université de Bâle a démontrée que les femelles fraîchement arrivées restaient tranquilles la journée, mais qu'elles parcouraient jusqu’à six kilomètres entre minuit et quatre heures du matin pour rendre visite à plusieurs jeunes mâles chanteurs. Après une, deux ou trois nuits, les femelles se sont accouplées avec un partenaire. L'aventure, c'est aussi tout près de chez nous : pas besoin de faire des milliers de kilomètres en avion.
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