Sortie ornithologique de la Société des Sciences Naturelles du Pays de Porrentruy (SSNPP) au bassin d'Arcachon. Une petite semaine pour parcourir et découvrir les richesses de cette région.
Première découverte, la Bernache cravant, une petite oie qui niche en été dans la toundra à proximité des côtes ou des lacs de Sibérie, d'Alaska, du Canada, du Groenland ou au Spitzberg. Les plus proches hivernent en grand nombre sur le littoral Atlantique ou sur les côtes de la mer du Nord.
15 à 30% de la population mondiale se donne rendez-vous en hiver au bassin d'Arcachon.
Son régime alimentaire est exclusivement végétarien : algues, mousses, lichens en été ; zostères, salicornes, algues vertes, semis de céréales, herbacées en hiver. Un oiseau au superbe plumage dans une très belle ambiance ... que demander de plus ?
Autre découverte, l'Avocette élégante ! Elle est présente un peu partout : en Europe occidentale, en Asie, en Inde et en Afrique. Et selon, elle est migratrice ou sédentaire. En France, elle est présente toute l'année le long de la Manche, de la côte atlantique et en Méditerranée.
L'Avocette élégante consomme surtout des insectes aquatiques, des vers et des petits crustacés vivant en eau saumâtre. Son plumage très graphique et son long bec effilé ... lui ont certainement valu son qualificatif. C'est un grand plaisir de la voir, toute proche, évoluer dans son milieu naturel.
Elles affectionnent les marais côtiers, les prés inondés et les estuaires, souvent moins salins. Toujours en grand groupe, elles sont ici en compagnie d'un autre limicole aux mœurs assez semblables : la Barge à queue noire.
Le Canard pilet, lui, m'est plus familier car je l'observe régulièrement sur les lacs suisses. Encore une livrée élégante pour Monsieur qui arbore une longue queue effilée et un masque brun-chocolat marqué à l'arrière d'un trait blanc. Madame est plus sobre, comme souvent chez les canards, car elle doit rester discrète pendant la période de nidification.
La région du bassin d'Arcachon abrite de nombreuses réserves ornithologiques qui permettent une proximité incroyable. Depuis les observatoires, où nous sommes quasi invisibles, nous pouvons observer les oiseaux sans les déranger. Ces deux Bécassine des marais se tenaient à moins d'une dizaine de mètres.
Celle-ci fouillait la boue à deux mètres de l'observatoire. L'extrémité flexible de son bec lui permet de "sentir" sa proie. Elle se nourrit de vers, mais aussi d'insectes, crustacés et mollusques, qu'elle trouve dans les eaux boueuses peu profondes, au bord des lacs, des étangs, etc.
Puis, plus tard, elle est restée immobile quelques instants dans la végétation ...
... pour finalement se rapprocher à environ un mètre cinquante ... incroyable, cette observation rapprochée me fait prendre conscience de sa petite taille : à peine plus grande qu'un gros merle !
Ma position privilégiée m'a aussi permis d'observer un Accenteur mouchet qui se tenait à quelques mètres. Insectivore à la belle saison, il capture ses proies essentiellement au sol. En hiver, son régime se diversifie et comporte une bonne part de petites graines de plantes herbacées.
Et plus loin, un Pipit farlouse, oiseau typique des milieux humides ouverts à semi-ouverts du niveau de la mer jusqu'en montagne. Il est partout : dans les marais côtiers, les dunes, les marais salants, les landes, les tourbières et les pâtures humides. Cet insectivore cherche ces proies - insectes, araignées, myriapodes et autres bestioles - soit directement sur le sol, soit dans une végétation rase.
Changement de décor. A marée basse, l'océan se retire, laissant place à un paysage très particulier. L'Aigrette garzette en profite pour l'arpenter et chercher sa nourriture constituée de petits poissons, amphibiens, vers, crustacés, mollusques, etc. On l'observe parfois agiter la vase avec sa patte pour en débusquer les proies enfouies. Elle séjourne ici toute l'année et niche en grandes colonies dans des arbres.
Le Tadorne de Belon profite aussi des mouvements de marée. Il se nourrit principalement de mollusques, de gastéropodes et de crustacés qu'il trouve en fouillant la vase avec son bec. Son nid est installé dans un ancien terrier de lapin ou de renard, dans une cavité ou même dans un trou de muraille. En France, le Tadorne de Belon est un migrateur partiel. A nouveau une splendide livrée - multicolore - pour Madame et Monsieur, qui sont quasi identiques.
Nouvelle découverte : la Spatule blanche. Son bec en forme de spatule lui permet de filtrer l'eau par des mouvements de balayage de gauche à droite et de retenir toutes sortes d'invertébrés et de vertébrés - crustacés, vers, larves d'insectes, petits poissons, etc.
Ce juvénile, est reconnaissable à son bec couleur chair tandis que celui de l'adulte est noir. La population nicheuse d’Europe de l’Ouest est en nette progression depuis 1990. Et de plus en plus de couples nichent en France sur la côte atlantique et en Camargue, puis vont hiverner sur la côte atlantique africaine. Quel oiseau surprenant : l'adaptation à son milieu prend quelques fois de drôles de formes.
Changement de décor : marée haute au bord du bassin d'Arcachon. Un vol de limicoles attire notre attention.
Il s'agit d'un groupe de Bécasseaux variables, le plus commun des limicoles européens. Durant la période de nidification, il affectionne la toundra, les landes d'altitude et les marais de plaine du nord et se nourrit principalement d'insectes, d'araignées et de vers. Par chance, il est présent en grandes bandes durant cette période et adapte donc son régime avec une grande variété d'invertébrés, petits vers, mollusques et crustacés.
Plusieurs Grands Gravelots font partie du groupe. Eux se reproduisent au Groenland, en Islande et sur le pourtour de la mer du Nord et de la Baltique, principalement sur les plages de sable ou de galets ou autour des plans d'eau de la toundra. Ils peuvent également occuper les rives de cours d'eau, gravières et réservoirs. Leur régime alimentaire se compose de petits invertébrés, crustacés, petits mollusques, insectes, etc. J'aime bien son plumage très graphique qui le rend facilement identifiable.
Le passage d'un coureur le long du rivage provoque l'envol de tout le groupe ... qui reviendra aussitôt se poser au même endroit. Somptueuse ambiance ton sur ton.
Quelques Bécasseaux sanderling se cachent parmi les variables. On les reconnaît à leur plumage gris. Ils sont aussi plus ramassés et rondelets. Les sanderlings se reproduisent dans la toundra aride et pierreuse ou dans des plaines alluviales avec une végétation éparse. Le reste de l'année, ils sont maritimes et fréquentent les habitats sableux, les baies, les estuaires, les plages. Un oiseau de 50 grammes qui niche dans l’extrême nord de la Sibérie et rejoint l’Afrique du Sud pour y passer l’hiver ... ça suscite l'admiration, non ?
Autre décor : les plages de l'océan Atlantique. Un Chevalier guignette parcoure sans relâche les vastes étendues. Tel un métronome, il suit les allées et venues des vagues à la recherche de nourriture. Encore un oiseau qui parcoure chaque année des milliers de kilomètres entre son site de nidification et le sud de l'Afrique. La solitude de cet oiseau et le contre-jour ajoutent une dimension irréelle à la scène.
Avec le soleil dans le dos, l'ambiance est toute autre. Derrière les énormes vagues en rouleaux qui viennent se perdre sur la plage, un Fou de Bassan - le minuscule petit point blanc dans le ciel - repère les bancs de poissons. Puis, d'une certaine hauteur, il plonge en piqué dans une posture aérodynamique typique. Quelles superbes observations !
Fin de journée - la dernière - nous arrivons dans un petit port de l'Étang de Cazaux et de Sanguinet. Nous y découvrons une silhouette sombre qui traverse la petite rade. Pas de doute, il s'agit bien d'une Loutre d'Europe et pas d'un ragondin. En France, elle est présente le long du littoral atlantique et dans le Massif central.
Plongeant et revenant à plusieurs reprises à la surface avec un proie, elle nous a gratifié d'un spectacle inoubliable. Carnivore semi-aquatique, elle est très bien adapté à l’élément liquide, notamment grâce à son corps fuselé et hydrodynamique, à ses pattes palmées et à son pelage particulièrement dense qui limite les pertes de chaleur.
Cette redoutable chasseuse se nourrit essentiellement de poissons, mais aussi d’amphibiens, d’invertébrés aquatiques, de petits mammifères, d'oiseaux, de reptiles et autres bestioles. Une magnifique observation pour clore l'année en beauté. Durant ce séjour, ce sont près de 90 espèces différentes d’oiseaux que nous avons eu la chance d'observer. Que du bonheur !
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